Un cortège d’un millier de cyclistes s’est élancé vendredi 18 août des abords de Sainte-Soline, direction Orléans puis Paris. Objectif : alerter sur la gestion et le partage de l’eau.
Des adhérent.es de notre Réseau se mobilisent actuellement à titre individuel dans le "convoi de l'eau". A vélo ou en tracteur, ils ont décidé de rejoindre ce mouvement pour défendre l'eau en tant que bien commun à protéger et partager équitablement.
Une manifestation itinérante, festive et pacifique
Cette manifestation itinérante s'est élancée de Lezay, dans les Deux-Sèvres, le 18 août, pour rejoindre Orléans où siège l'Agence de l'eau Loire Bretagne le 25 août avant d'arriver à Paris le lendemain. Les manifestant.es sont partis pour 50 kms par jour. Une semaine pour parcourir près de 300 kilomètres à travers 5 départements.
Le "Convoi de l'eau" est une protestation ambulante lancée par le collectif Bassines Non Merci ! et le syndicat agricole Confédération paysanne, et soutenu par Les Soulèvements de la Terre. Il vise à maintenir la pression sur le gouvernement et les autorités locales, cinq mois après la manifestation contre les méga bassines à Sainte-Soline. Alors que le chantier doit reprendre en septembre, les organisateurs de ce "Convoi de l'eau" réclament un moratoire sur les projets de "méga-bassines", et souhaitent plus largement alerter sur la ressource en eau dans un contexte de sécheresse et de canicule.
Les organisateurs revendiquent le soutien d'une cinquantaine d'associations, syndicats et collectifs écologistes. Le cortège se veut festif et pacifique. Au programme débats et concerts, et bivouac tous les soirs. Une équipe de près de 100 bénévoles est à l'œuvre chaque jour.
Remettre en fonction le cycle de l'eau par du stockage naturel
Bien que reconnaissant l'utilité de l'irrigation pour certaines productions et sous certaines conditions, il nous apparaît au sein du Réseau InPACT que la construction de réserves de stockage dites "méga bassine" va à l'encontre de l'agriculture durable que nous prônons. L'urgence pour nous est d'aider à remettre en fonction le cycle de l'eau par du stockage dans des sols vivants (grand oublié de la gestion de l’eau) et les plantes et non par du stockage dans des réserves surdimensionnées qui ne seront qu'au profit d’une minorité. Accélérer la sobriété pour préserver une ressource limitée et réduire la dépendance de l’agriculture à l’irrigation devraient donc être des actions prioritaires des politiques publiques.
Les systèmes d'irrigation doivent être conçus dans une stratégie agronomique globale de préservation des sols, qui consiste à favoriser, en particulier, la fixation de carbone, mais également la fertilité des sols, la lutte contre le dérèglement climatique ainsi qu’une meilleure résistance à la sécheresse par une plus grande capacité de stockage de l'eau de pluie dans le sol. L'agriculture doit s'adapter aux ressources mobilisables et non pas l'inverse. Il faut inciter les agriculteurs à s'engager dans des systèmes durables pour une gestion responsable tant de la quantité que de la qualité de l'eau, dans des systèmes agronomiques plus vertueux (rotation des cultures, moindre recours aux pesticides, diversification...).
Les projets de construction de réserves d'eau ne doivent pas perturber l'équilibre du milieu naturel. Des retenues collinaires peuvent avoir leur place mais pas les grands projets technologiques que sont les retenues de substitution privatives (surnommées mégabassines), les grands barrages, etc. Plus qu’une solution unique, c’est un changement profond du modèle agricole et de l’aménagement du territoire qui est nécessaire.
En tant qu'associations qui accompagnent au quotidien sur nos territoires les agricultrices et agriculteurs qui ne veulent pas aller vers ces systèmes mortifères pour l'ensemble du vivant, et qui choisissent des systèmes agro écologiques adaptés à leurs territoires, nous ne pouvons approuver la politique de l'eau menée actuellement. Des solutions de stockage et des systèmes d’irrigation efficaces existent déjà dans de nombreuses fermes agroécologiques. Il faut donc avant tout sortir d’un système agro industriel toujours plus gourmand en eau et privilégier ces solutions déjà mises en oeuvre par l’agriculture citoyenne et territoriale que nous défendons.