Chaque année, le 17 avril nous célébrons les luttes paysannes, à travers une journée symbolique mettant en évidence la force et la diversité de la résistance d’un grand nombre de paysans et paysannes, qui, à travers le monde entier, luttent pour leur existence.
L’interconnexion de tous les éléments de la nature
"Le 17 avril, nous marquons la Journée internationale des luttes paysannes, notre journée d’action annuelle qui nous réunit pour commémorer le massacre d’Eldorado do Carajás* en 1996 et honorer la résistance des paysan·nes du monde entier qui persistent dans leur lutte pour la justice sociale et la dignité" Via Campesina.
Le 17 avril 1996, dix-neuf paysans du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre du Brésil (MST) étaient assassinés par des tueurs à la solde de grands propriétaires terriens. Ce massacre a eu lieu alors que Via Campesina se réunissait au Mexique. En mémoire de cette tuerie, les membres de Via Campesina ont déclaré le 17 avril Journée mondiale des luttes paysannes.
"Nous, paysan·nes, jeunes, femmes, hommes et diversités, migrant·es, travailleur·euses du monde rural, peuples autochtones et sans terres, nous tenons debout avec un espoir et une force renouvelés, une conscience accrue, un engagement indéfectible, une unité organisée et une détermination à affronter les crises multiformes. Nous poursuivons une lutte sans relâche contre les génocides, les guerres, les violations de la souveraineté des peuples, les expulsions de familles paysannes, la criminalisation et la persécution des paysan·nes et leaders sociaux, ainsi que l’extractivisme et les violations des droits paysans. Uni·es, nous protégeons notre Terre Mère contre l’emprise des multinationales de l’agrobusiness, des néocolonialistes, et des forces fascistes et militaires répressives." Via Campesina.
Les paysans et paysannes forment plus de la moitié de la population de la terre. Partout dans le monde ils et elles sont touchés par les effets néfastes de la globalisation des échanges économiques et culturels. Tous les jours, ils et elles luttent pour leur droit à la terre, pour que les semences restent des biens communs, pour l’accès à l’eau. Ces luttes paysannes sont parfois réprimées dans le sang et font des centaines de victimes annuellement. Mais autant se suicident, dans le silence, condamné à la faillite et à la misère par les propriétaires fonciers, les multinationales de l'agroalimentaire et des politiques complices.
« La bonne politique a le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres. » Voltaire (1694-1778)
30 ans de partage des luttes pour semer l’espoir
Via Campesina est un mouvement international qui coordonne les luttes de plus de 70 organisations de paysannes, de travailleurs agricoles, de femmes rurales, de communautés indigènes provenant des cinq continents. C'est un mouvement indépendant de toute organisation politique, économique ou religieuse. Il est composé par des organisations nationales ou régionales dont l'autonomie est respectée. L'organisation fut créée en 1993 en Belgique et elle a défini ses grandes orientations en 1996, au Mexique. Pour en savoir plus : www.viacampesina.org
La nécessité de nous unir
Le réseau InPACT dans notre région fonctionne depuis bientôt 20 ans avec l’ensemble de ses structures membres, au nombre de 13 aujourd'hui. L’objet de l’association est de promouvoir et de mettre en œuvre un développement agricole et rural qui oriente l'agriculture vers des systèmes de production :
- permettant aux agriculteurs et aux citoyens d’être acteurs pour un projet territorial et sociétal, respectueux de l’environnement,
- basés sur des principes d’équité sociale et de solidarité planétaire.
Depuis la création du réseau InPACT en 2005, les différentes structures ont uni leurs idées pour un développement agricole territorial et citoyen : une volonté concertée, entre paysans, élus et citoyens. Notre association a toujours été présente pour dynamiser, pour donner du souffle, pour communiquer sur nos valeurs communes. Le réseau InPACT se développe ailleurs en France parce que c’est une nécessité, un gage pour interpeller les politiques et communiquer avec la société : les enjeux de la durabilité reposent sur une cohérence, une solidarité et la responsabilité de tous.
Si nous voulons continuer notre travail pour aller vers un modèle agricole alternatif au modèle agro-industriel, qui respecte autant le producteur, le consommateur et l'environnement, réagissons toutes et tous ensemble ! Dans l’innovation, nos savoir-faire auront une importance incontournable avec l’espoir d’être nombreux à partager ce bon sens qui nous anime. Donner une véritable identité aux actions existantes et à venir, c’est un défi au service des autres, un enrichissement pour les nouveaux ruraux paysans et citoyens.
L'agriculture vous la voulez avec ou sans paysan ?
Comme le rappel le Socle Commun du Réseau InPACT: l’agriculture de demain a besoin de paysans, et en ce sens, il ne peut y avoir d’agriculture durable sans paysans dans les territoires ruraux. Aujourd’hui, par exemple, bon nombre des systèmes de production performants en agriculture durable sont ceux qui font appel aux savoirs faire paysans, bien placés pour percevoir la complexité et la globalité de l’environnement. Associés à l’évolution de nos connaissances scientifiques et à la concertation avec les citoyens, ils permettent de proposer et d’accompagner des changements opportuns.
L’équité sociale
La dimension sociale d’une agriculture durable est basée sur la solidarité entre paysans, entre régions, et entre pays du monde. L'industrialisation et la concentration de l'agriculture ont fait produire toujours plus à de moins en moins d'actifs. Or, dans un contexte où les quantités globales à produire sont limitées, le développement des uns se fait au détriment des autres. Le respect du droit à produire pour chaque paysan et chaque région passe donc par la répartition des droits et moyens de production, et des aides publiques. Au niveau international, cela s'appelle le droit à la souveraineté alimentaire de chaque région du monde, donc l'arrêt des soutiens directs et indirects à l'exportation.
Cette exigence sociale, qui pose la question de l'emploi en agriculture, est en cohérence :
- avec la question des systèmes de production: des systèmes autonomes et économes permettent de dégager un revenu correct avec des volumes de production plus modestes que ceux exigés par les modèles industriels et concentrés, ce qui autorise davantage d'actifs agricoles.
- avec les attentes de la société: une agriculture avec peu de paysans aux gros volumes de production ne peut être efficace en terme de réelle multifonctionnalité.
Les principes 1 et 3 de la déclaration de RIO rappellent que l’intérêt commercial ou la faisabilité technique ne peuvent pas constituer des arguments prioritaires puisque « l'homme est au centre des préoccupations pour une vie saine et productive en harmonie avec la nature, dans le respect des générations présentes et futures ».
L’organisation de la filière agricole (du producteur au consommateur) doit donc au minimum respecter l’Homme, les communautés rurales et paysannes de tous les pays (c’est à dire permettre de se nourrir et de vivre selon ses choix culturels, pas de dumping, pas de « pillage », commerce équitable…) article 22.